Le combat anti-toits noirs aux USA pourrait faire des émules en Europe
New York mène la danse pour des toits plus blancs et plus frais
Depuis plusieurs années, la ville de New York s’est lancée dans une initiative ambitieuse : repeindre tous ses toits en blanc pour diminuer les températures estivales et réduire la consommation de climatisation. Plus de 500 000 m² de toits d’immeubles ont déjà été transformés dans le cadre de ce projet.
Les « cool roofs », une solution recommandée par les experts
Le prix Nobel de Physique et ancien secrétaire d’État américain à l’Énergie, Steven Chu, affirme que les « cool roofs » – ces toits qui réfléchissent les rayonnements solaires – sont l’un des moyens les plus rapides et économiques pour lutter contre le réchauffement climatique. En ville, les températures peuvent dépasser de plusieurs degrés celles des périphéries, un phénomène connu sous le nom d’« îlots de chaleur urbains ». Ces îlots augmentent la demande en climatisation et aggravent les épisodes caniculaires. L’été 2003 en Europe, qui a causé 70 000 décès, en est un exemple tragique.
Une initiative venue de Berkeley
L’idée de repeindre les toits en blanc pour réduire les îlots de chaleur vient des chercheurs du Lawrence Berkeley National Laboratory. Leur simulation a montré que blanchir les toits dans onze grandes villes américaines permettrait d’économiser plus de 175 millions de dollars par an en climatisation. Extrapolé à l’échelle nationale, cela représenterait une économie de 750 millions de dollars (plus de 500 millions d’euros) annuellement.
New York, pionnière des « cool roofs »
Inspirée par ces recherches, New York a intégré des critères de réflectivité pour les nouveaux bâtiments et lancé le programme « New York Cool Roof » en 2010 pour les bâtiments existants. Ce projet, soutenu par des bénévoles et des mécènes comme Google, vise à transformer les toits de la ville en une grande tache blanche visible du ciel. Déjà, de nombreux « blocks » de Brooklyn sont passés au blanc.
Un modèle à suivre pour l’Europe
Le mouvement commence à gagner l’Europe, porté par des figures comme Hashem Akbari du Lawrence Berkeley National Laboratory, qui promeut les « cool roofs » via la Global Cool Cities Alliance. Londres et Athènes montrent un intérêt marqué pour cette solution, et la capitale grecque a déjà pris des mesures réglementaires.
Vers une standardisation européenne
L’European Cool Roof Council (ECRC), fondé en 2012 à Bruxelles, travaille à standardiser et classifier les produits « cool roof » en Europe. Emmanuel Bozonnet, de l’Université de La Rochelle, souligne l’importance de cette démarche pour promouvoir les toits blancs dans les régulations nationales.
Bien que Paris ne soit pas encore prêt à repeindre ses célèbres toits en zinc, l’initiative new-yorkaise pourrait bien inspirer d’autres grandes villes européennes à adopter des toits blancs pour un avenir plus frais et plus vert.